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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/169

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Elle le tint à distance désormais, disant avec toute la gravité voulue :

— Plaidez votre cause, monsieur !

— Eh bien ! répondit Édouard, je ne sais pas si c’est pour n’en pas perdre l’habitude, mais je suis attaqué dans Paris presque aussi souvent que là-bas, au Mexique…

— Vous avez encore eu à défendre votre vie ! s’écria Charlotte qui se rapprocha.

— Bon ! vous voilà déjà toute pâle ! Savez-vous ce qui serait le meilleur et le plus sage, Charlotte, mon adorée chérie ? Au pays d’où je viens et où nous retournerions ensemble, nous serions si heureux et si tranquilles ! Qu’ai-je besoin de continuer cette partie dont l’enjeu n’est rien pour moi ! Les millions, je m’en moque ! Je ne tiens qu’à vous, je ne veux que vous…

— Et capitaine Blunt ? interrompit Mlle d’Aleix en riant à son tour.

— C’est vrai… nous lui écririons et il nous rejoindrait.

— Et votre mère que nous aimerons de la même tendresse ! votre mère dont vous êtes tout le cœur !

— Oui, ma mère, c’est vrai encore. Je me sens tout remué quand ce mot-là est prononcé par vous… Hier au soir donc, j’étais un peu en retard pour notre rendez-vous, parce que capitaine Blunt, à lui tout seul, est autour de moi comme une garnison. Quand je suis arrivé à la petite porte du parc qui donne sur la cité Donon, Joseph Chaix n’était plus à son poste… Et il ne faut pas lui en vouloir, car sa pauvre petite femme