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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/191

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l’autre côté de la cloison, au-devant de l’alcôve, le docteur Leoffanti, Pernola et Lorenzin.

On entend très-aisément à travers la porte masquée. J’écoutai pendant de longues heures ; pas une parole ne fut prononcée qui dût éveiller des soupçons.

Ce fut alors que je dressai un lit de camp dans la petite pièce qui communique avec la grotte. Ce lit me servit trois fois. Je me relevais d’heure en heure, mais il y avait toujours quelqu’un chez Roland, — toujours.

Je voulus décharger le fardeau que j’avais sur le cœur, et parler à la marquise, mais au premier mot, elle éclata en larmes et me dit : « Ah ! malheureuse enfant, tu es cause que nous l’avons tué ! »

Je le revis encore une fois, cependant, le troisième et dernier jour.

J’entrai avec tout le monde quand le curé des Missions étrangères lui apporta le bon Dieu.

Il m’appela et me dit de sa pauvre voix que je ne reconnaissais plus : « Nous nous étions trompés sur leur compte ; ce sont de bons, de vrais amis, qui ont bien fait auprès de moi tout ce qu’ils ont pu. Giambattista Pernola est maintenant le dernier Sampietri ; Charlotte, mon dernier vœu est que tu sois sa femme… »

Mlle d’Aleix se tut.

Elle appuya sa tête charmante sur la poitrine d’Édouard qui songeait. En lui, l’émotion avait été lente à naître : j’entends l’émotion de famille.

Elle était née.