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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/236

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— Le cœur trompe, interrompit encore M. de Sampierre ; ne nous égarons pas : je vous ai nommé la seule chose qui ne mente jamais.

— La science ! Eh bien ! nous accepterons l’arrêt de la science ! Cette blessure vous l’avez faite avec réflexion, scientifiquement pour ainsi dire. Elle doit saigner encore dans votre souvenir, et puisque vous la reproduisez avec une si terrible vérité (son doigt désignait le portrait de Domenico), vous devrez la reconnaitre, j’entends celle qui fut la vraie, entre mille autres blessures, de celles que vous appelez fabriquées.

M. de Sampierre l’arrêta d’un geste et prononça gravement :

— Je crois que je la reconnaîtrais.

Édouard releva la tête.

M. de Sampierre poursuivit en s’adressant à lui :

— Mon intention a toujours été de vous demander si vous voudriez bien vous prêter à cet examen. Il y a là une constatation curieuse à faire. Veuillez vous approcher, mon ami Domenico.

Édouard obéit. Sa figure exprimait une lassitude étonnée. Sur celle de Charlotte on aurait pu lire un profond découragement, au-dessus duquel surnageait une ombre d’espoir.

Quand Édouard fut tout auprès de lui, M. le marquis s’inclina comme pour le remercier de sa complaisance.

Puis je ne sais quoi de rêveur vint dans ses yeux.

Il appuya sur les épaules du jeune homme ses deux mains dont l’une tenait toujours le scalpel, et se mit à