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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/27

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— C’est juste, fit Laure. M’est-il au moins permis de vous demander pourquoi votre note porte cette autre mention : « À Laura-Maria. »

— Parce que, répliqua Vincent, celui qui m’envoie vers vous ne connaît pas Mme la baronne de Vaudré.

— Et il connaissait Laura-Maria ?

— Oui, madame.

— Et il prend Mme la baronne de Vaudré pour Laura-Maria ?

Cette dernière question, prononcée à voix basse, fut accompagnée d’un pâle et triste sourire.

Vincent Chanut s’inclina en signe d’affirmation.

C’était un assaut de premier ordre : deux joûteurs, engageant le fer avec une prudence consommée et une science parfaite. Laure venait de marquer la première feinte. Chanut tenait sa garde comme s’il n’eût pas même soupçonné le coup.

L’ardente curiosité éveillée en lui par la dernière parole de Laure n’alluma rien dans la fixité paisible de sa prunelle.

— Moi, reprit la baronne en changeant de main, dans ma lettre que vous n’avez pas encore lue, je vous parlais aussi de Laura-Maria et de M. de Tréglave, mais ce n’était pas du vicomte Jean… Avez-vous rencontré Mme de Sampierre à la porte de chez moi, tout à l’heure ?

— J’ai cru reconnaître madame la marquise.

— C’est pour elle… J’entends, c’est dans son intérêt que j’ai eu la pensée de m’adresser à vous. Nous cherchions un homme à la fois très-honnête et très-habile…