Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/273

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petit percera. Ma chère belle, ajouta-t-il en s’adressant à Mme Marion, j’ai vu le temps où les Cinq formaient une association présentable, mais l’ancien no 1 était le dernier bon : en prenant les autres, vous avez acheté une noix creuse. J’ai été le banquier de la confrérie à l’époque de sa gloire, mais voilà déjà plus de six mois que j’avais coupé le crédit. Allez, mon ange. Je ne suis ici que pour vous.

— Je n’ai pas besoin, reprit Mme Marion, de vous expliquer l’opération. Chacun de ceux qui sont ici a mis la main déjà dans ce sac inépuisable. Je dois cependant vous apprendre ce que j’ai fait ; mais auparavant, et pour répondre à votre désir, mon excellent ami, je déclare que l’hôtel et le parc de Sampierre sont à vous, quoi qu’il arrive ; je m’engage, en outre, à ne point contrarier vos vues sur la jeune demoiselle qui porte le titre de princesse d’Aleix…

— Bien, bien, fit le Poussah qui avait aux lèvres un singulier sourire ; pourquoi vous intéresseriez-vous à celle-là ? Allez !

Mme Marion continua :

— Des événements éloignés de nous m’avaient mise à même de connaître, dans ses détails les plus cachés, le prologue d’un drame qui laissait vide le berceau du cadet de Sampierre. Je n’ai pas à dissimuler devant un homme qui sait par cœur ma vie, que je tiens moi-même, par un lien assez étroit, à cette famille, non pas à M. le marquis mais à sa femme, la princesse Domenica Paléologue. L’idée qui va nous enrichir tous naquit en moi au-delà de la mer. À deux mille lieues de Paris,