Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/277

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avions été en Angleterre, où la loi est si commode pour jouer à cache-cache, ça aurait marché tout seul. On consulta même un médecin au sujet de la cicatrice à imiter. Le médecin répondit qu’il était trop tard et que le premier gâte-chair venu pouvait juger l’âge d’une cicatrice. Le Pernola n’aurait pas manqué d’éplucher la chose au microscope.

Mylord avait peine à contenir son agitation. Il restait immobile sur son siège, mais le sang lui montait à chaque instant au visage.

— Madame, demanda-t-il en ce moment, est-ce que vous n’allez pas enfin parler de mes droits ?

— Et de l’échelle à papa, hé ! garçon ? ajouta le Poussah, qui le regarda en riant au travers de sa chope. Laisse-nous causer, ton tour viendra.

Mylord se redressa, et son regard choqua intrépidement celui du gros homme, qui dit :

— Toi, tu me plais, Fanfan. Je voterai pour toi si je suis juré quand il s’agira de te couper le cou. Allez, Laura-Maria, allez, ma fille !

— Nous n’avons désormais le temps, reprit Mme Marion, ni de nous quereller, ni de plaisanter. La pièce a duré vingt ans, mais son dernier acte va courir la poste, et dans quelques heures tout sera fini. Ne m’interrompez plus. D’une minute à l’autre le numéro 1 peut entrer en scène…

— Ah ! ah ! fit le Poussah, à la bonne heure ! ça brûle, alors ?

Mœris et Moffray, d’un mouvement involontaire, avaient rapproché leurs sièges.