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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/31

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— Et moi, s’écria Laure, je cherche un renseignement sur ma sœur, et sur une chère enfant qui m’intéresse encore plus que ma sœur, car je suis seule ici-bas et il me semble que je serais sauvée si j’avais à protéger, à aimer le seul être qui ait dans ses veines une goutte du sang de mes aïeux ! Je vous l’ai dit : votre route et la mienne se côtoient ; elles se rejoignent. Si le docteur Strozzi fut le mauvais génie de ma sœur, un Tréglave, Laurent de Tréglave, faillit la relever au rang d’où jamais elle n’aurait dû déchoir. Maria aimait Laurent, mais la fatalité se mit entre elle et lui. Il y eut un crime hideux : l’oncle abusa de sa nièce, et Maria écrivit, un jour, à Laurent : « Je suis morte pour vous… »

— Cela nous mène-t-il à Arregui ? demanda M. Chanut doucement.

— Tout droit. Maria traversa la mer et alors commença pour elle une vie d’aventures. Je la vis à son passage à New-York ; comme elle était changée, mon Dieu ! Je voulus la retenir, mais elle allait à son destin. Elle avait appris que les deux frères de Tréglave étaient au pays d’or. Une force irrésistible l’y entraînait… Que vous dire !

Après avoir été victime, fut-elle coupable ?

Cet Arregui devint son maître. Un jour, au désert, elle risqua sa vie, mais en vain, pour sauver celle du vicomte Jean, le frère de Laurent, que les compagnons d’Arregui avaient condamné à mort…

La baronne s’arrêta. M. Chanut la couvrait d’un regard placide.

C’est la troisième fois que nous voyons revenir cette