Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/363

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mettre au fait, vous m’avez arrêtée par un sévère : « Je ne veux rien savoir. » Mais j’ai le don de résumer toute une longue histoire en peu de mots : je vais tout vous apprendre en dix secondes !

Elle se lança aussitôt dans une verbeuse explication que Laure écouta très-attentivement en apparence. De cette explication ressortit du moins ce fait principal, à savoir que les membres du conseil judiciaire du marquis Giammaria, vivant tous si loin de Paris et à de si grandes distances les uns des autres, avaient été convoqués selon une échelle de dates qui devait les réunir au jour dit à l’hôtel de Sampierre.

Et les convocations mystérieuses faites au nom du vicomte Jean de Tréglave, avaient un caractère si solennel d’autorité, qu’aucun de ces personnages considérables, parvenus pour la plupart aux limites de l’âge, n’avait osé désobéir à l’appel.

— Vous avais-je donc appris cela dans mon sommeil ? demanda Laure.

— Non, bonne chérie, mais vous m’aviez dit tout le reste… Ils sont arrivés, tous, presque à la même heure. Et qu’aurais-je pu leur dire si je ne vous avais pas vue ce matin ? Vous êtes ma providence ! À chaque lettre miraculeuse qu’on me montrait, je répondais : « Cela ne m’étonne pas. Je suis au fait. Tout ce qu’on vous annonce est certain. » Et quand ils m’ont demandé à quand la grande séance pour la présentation de mon fils, j’ai dit sans hésiter : « Cette nuit. » Ai-je bien fait ?

— Oui, répondit Laure, si, dans mon sommeil, j’ai fixé la chose pour cette nuit.