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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/372

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joaillier. Elle était fort entourée. L’ardente animation de son teint la faisait paraître joyeuse.

Et en effet, il y avait en elle de la joie, un espoir passionné, une ivresse qui aurait voulu déborder en paroles mais il y avait aussi une douleur et des terreurs.

Il y avait tout cela, et en conscience, c’était trop pour une pauvre bonne créature comme elle que les années avaient laissée enfant par delà les limites de la jeunesse.

Quand la pensée de la perte de Charlotte traversait son souvenir, les larmes lui venaient aux yeux. Mais cela passait comme un rêve. Était-ce possible ? Et tout d’un coup, elle se prenait à penser :

— Si Laure devenait ma fille ? Elle qui est si belle ! et qui m’a prouvé tant de dévouement ! Je suis sûre que mon Domenico l’aimerait. Elle paraît encore toute jeune…

— Bonjour, vicomte, dit-elle à Mœris qui venait la saluer. Si vous saviez ! s’il m’était permis de vous apprendre… mais j’ai promis le secret… Ah ! vous avez été bien admirable, mon ami, et je serai toujours reconnaissante pour les terribles dangers courus là-bas, dans le désert, mais on va souvent chercher bien loin ce que la bonté de Dieu se charge elle-même de vous apporter.

— Avez-vous donc de bonnes nouvelles, chère madame ? demanda Mœris en lui baisant la main.

— Ne m’interrogez pas, mon ami ! J’ai un bâillon sur la bouche… Bonjour Moffray… Mais j’avais à vous parler à tous les deux… Je cherche…