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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/381

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— Je n’en ai pas sur moi, répondit Moffray.

— Donnez-moi votre boite d’allumettes, fit Laure.

Elle frotta elle-même le phosphore qui pétilla.

Aussitôt, chez le Poussah, la lumière s’éteignit.

Laure quitta ses compagnons pour marcher jusqu’au bord du saut du loup. En route, elle roula une clef dans un morceau de papier et laissa tomber le tout au fond du fossé.

Du côté de la cité Donon, qui semblait déserte et endormie, un mouvement se fit dans les herbes garnissant le bord opposé du saut de loup.

Une forme humaine se laissa glisser le long de la rampe et gagna le fond, d’où une voix monta.

— Vous êtes en retard, dit cette voix, les hommes attendent… je ne trouve pas votre clef.

— Vous êtes-vous occupés de capitaine Blunt ?… commença Laure.

La voix l’interrompit, disant :

— Jetez d’abord l’échelle, nous causerons au pavillon. Tout va bien. Je tiens la clef.

Quand Laure rejoignit ses compagnons, ils s’étaient consultés sans doute, car Mœris lui dit d’un ton assez péremptoire :

— Chère madame, il y a des besognes qui ne nous conviendraient pas.

— Messieurs, répondit Laure, je donnerais tout ce que je possède et dix ans de vie pour être à Londres en ce moment. Je n’ai pas plus le choix que vous. Nous nous sommes donnés au diable.

— Ce sont des mots ! s’écria Moffray. Il est toujours