Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/452

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suivant de si près les dernières paroles d’Édouard et de Charlotte.

Zonza avait annoncé l’arrivée de l’aveugle qui, disait-il, « n’était pas seule… »

Tous les regards se portèrent vers l’entrée ; chacun pressentait vaguement un coup de théâtre, et Mylord, sous son attitude tranquille, avait la fièvre du joueur qui se heurte à un « refait » quand il a risqué son va-tout.

La partie gagnée allait-elle recommencer ?

Domenica, harassée d’émotions, s’étonnait d’espérer encore et surtout de craindre.

M. de Sampierre, gardant cette attitude réfléchie qui est si étrange chez les fous, disait à ses voisins d’un ton sentencieux :

— Giambattista était très-bien élevé. À seize ans, il avait déjà détruit le bonheur de mon ménage et j’aurais juré qu’il était le meilleur gardien de mon repos… En somme qu’avait-il besoin de me tuer ? Il n’avait qu’à emporter les valeurs. Mais il était pressé ; l’âge lui venait. Je m’étais aperçu, depuis quelque temps, qu’il teignait sa moustache…

Il s’interrompit en un cri de surprise.

L’aveugle avait été introduite la première.

Au lieu de marcher vers l’intérieur de la chambre, elle s’était rangée de côté, sans donner attention à son nom de Phatmi qui avait jailli des lèvres de la marquise.

Derrière elle venait une civière que deux hommes portaient.