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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/463

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vieillissait. Les causes célèbres sont les maladies des vieux règnes. On n’en veut pas. Personne n’a le droit de dire à des gens tels que vous : « Allez-vous-en », c’est clair, mais vous partirez demain, comme vous êtes partis en 1847. Ça tombe sous le sens, hé ?

Domenica passa devant son mari et dit :

— Nous partirons demain.

— Voilà, fit M. Morfil : Paris ne vous porte pas bonheur, et vous ne portez pas bonheur à Paris. Le règne présent à dix-neuf ans, deux ans de plus que celui de Louis-Philippe, et les causes célèbres commencent à lui pousser à la peau. On n’espère pas étouffer celle-ci tout à fait, mais on la veut le moins célèbre possible.

Il gagna la porte, l’ouvrit et se tint chapeau bas à droite du seuil.

Tout le monde passa, et M. Morfil, descendant le dernier, assista, perdu dans les groupes, à la présentation qui fit grand effet.

L’annonce du départ eut lieu en même temps. Personne ne s’en étonna.

Le lendemain, Paris écoutait d’une oreille des rumeurs sinistres, — de l’autre cette merveilleuse légende du beau jeune aventurier qui venait de gagner à la loterie un lot gros comme le portefeuille de M. de Rothschild.

Imitant la discrétion de M. Morfil, nous dirons qu’on avait assez adroitement ressuscité le passé pour couvrir le présent et que Paris, bavardage de bouche et bavardage de plume, radotait en chœur la vieille histoire de la rue Pavée, qui était comme le prologue de la présente aventure.