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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/95

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M. de Sampierre rejeta sa tête en arrière comme on fait pour mieux juger un tableau.

— C’est vrai, dit-il, pourquoi me parlez-vous ainsi ?

— Parce que, pour vous, cette heure sonne. Je vous adjure de me répondre. Vous avez parlé tout à l’heure, à propos de cette toile, d’une sorte d’obsession, exercée sur vous par une idée persistante, une vision…

— Ai-je prononcé le mot vision ? interrompit le marquis : je ne crois pas avoir dit vision.

— Une image, rectifia Pernola. Ce fait n’a-t-il pas pour origine le souvenir de votre fils aîné, mon bien cher jeune cousin Roland ?

— Il se peut, fit le marquis avec indifférence, mais il y a autre chose.

— L’image ressemblait au comte Roland ?

— Oui, beaucoup.

— Vous avez dit que vous n’aviez pas inventé cette figure.

— J’ai dit vrai.

— Et que pourtant vous n’aviez jamais vu l’original ?

— Jamais : c’est exact.

— Alors, comment la notion de cette image vous fut-elle transmise ?

— Par un message.

— D’où vous venait-il ?

— D’Amérique.

— Il contenait un dessin ?

— Il contenait un portrait photographié.

— Qui vous l’avait envoyé ?