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Page:Féval - Les Cinq - 1875, volume 2.djvu/98

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Il s’interrompit parce que cette fois Pernola le regardait en face et marchait sur lui d’un pas lent, mais ferme.

— Oh ! oh ! fit M. de Sampierre qui essaya de sourire, allez-vous perdre le respect, Battista ?

— Mon cousin, dit celui-ci, je vous prie de m’excuser. Quand vous serez fatigué de m’écouter, vous m’imposerez silence, mais il faut d’abord que vous m’écoutiez. Si je vous ai interrogé c’est que je suis déjà depuis bien longtemps la marche d’une intrigue qui enveloppe non-seulement vous, mais celle que vous aimez. On vous a regardés tous les deux comme une seule et même proie, et le fait mystérieux que vous venez de me révéler est pour moi un indice évident qui change mes soupçons en certitude. Vous êtes bien malade, mon cousin Giammaria !

Les paupières du marquis battirent et son regard se troubla. Il se tâta le pouls d’un geste furtif.

— Ce n’est pas ainsi que je l’entends, reprit Pernola, impérieux et protecteur à la fois, comme le médecin au chevet d’un fiévreux ; vous êtes très-bien portant de corps, grâce à Dieu, et d’esprit aussi, quoique vous ayez fait la plus grande folie dont un homme puisse se rendre coupable.

Ceci fut prononcé d’un ton dur. M. de Sampierre se redressa offensé.

— Mon cousin, dit-il, jamais vous ne m’avez parlé ainsi !

— C’est que vous n’avez jamais été si près de l’abîme, mon cousin !