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Il m’eût été assurément difficile, au milieu de ces criques innombrables qui festonnent et tourmentent la côte, de retrouver le lieu exact où notre vapeur s’était perdu, mais cela importait peu en définitive.

Je savais maintenant assez d’Italien pour interroger les gens du pays et comprendre le patois corse de leurs réponses.

Après m’être orienté de mon mieux, je pris les champs entre Capo-Maro et une petite bourgade dont le nom m’échappe, située à l’ouest de Chiave.

Dès les premiers pas, il me sembla que je retrouvais mes impressions.

On était en hiver comme l’autre fois. Seulement, le vent était sec ; au lieu de tourbillons de pluie, j’avais des nuages de poussière glacée.

Je marchai, quêtant à droite et à gauche comme un chasseur ou un antiquaire, depuis neuf heures du matin jusqu’à la nuit.

Je vis de loin Sartène qui était un excellent jalon pour circonscrire le champ de mes recherches.

Je peux dire que chaque mètre de terrain fut exploré par moi. Je ne trouvai rien, sinon de pauvres fermes, quelques villas modestes, un château bâti depuis peu et un très-grand établissement, d’apparence tout moderne, qu’on appelait : « L’Hospice du Colonel. »

J’y revins deux fois, car l’Hospice du Colonel était