Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/200

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cela vous contrarie, je n’y vois point de mal. Interrogez à votre aise ; moi, je répondrai si je veux.

— Vous n’êtes pas Francesca Corona ! s’écria Carpentier, qui faisait effort pour reconnaître le son de cette voix.

— Je vous donne ma parole, répliqua le modèle, d’ôter mon voile ou plutôt mon masque, avant de quitter votre voiture. Dites au cocher que nous allons au Palais-Royal.

Vincent obéit. Quand il eut refermé la glace, l’inconnue reprit :

— Ce beau garçon de Reynier n’est pas maladroit. Il a eu gratis une académie comme on en trouve peu au marché des poseuses. Seulement, il se trouve que le marché, excellent pour lui, est fort onéreux pour vous. Ainsi va le monde.

— Je ne vous comprends pas, madame, prononça tout bas Vincent, qui avait les sourcils froncés.

— Oh ! que si fait ! riposta l’inconnue. Vous êtes un singulier homme. Du reste, on peut dire cela de tous les hommes. Je n’excepte pas les dames. Chacun ou chacune de nous à la rage de quitter le bon chemin pour aller vers le coin où pousse l’arbre qui porte le fruit défendu. Savez-vous beaucoup de gens qui n’aient pas perdu une seconde fois le paradis terrestre ?

Elle s’arrêta, comme pour donner à son interlocu-