Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/211

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qui contient à égale dose, comme tous les axiomes populaires, l’admiration et la raillerie.

La Maison d’architecte, bâtie par l’architecte pour l’architecte, est à la fois un domicile et une réclame. Il faut que son aspect seul fasse rêver les gens qui ont en eux l’étoffe d’un client d’architecte.

Cela doit être pimpant, coquet, un peu bête, bourré de commodités, de confortabilités, semé de fleurs utiles ou choufleurs, encombré d’inventions dites américaines, qui font au besoin une cheminée d’une armoire et un calorifère d’une fontaine.

Cela doit être bon à visiter avec un permis, comme autrefois les appartements de l’Hôtel-de-Ville quand le sénateur préfet de la Seine et Mme la préfète étaient à la campagne.

C’est moins grand qu’un ministère, mais comme c’est plus mignon !

Après avoir examiné la chose, des petites caves au petit grenier, les ménages rentrent chez eux tout pensifs, et le germe de la construction fermente dans l’arrière-boutique.

— C’est une bonbonnière ! dit le marchand.

Et la marchande, toujours plus poétique, répond :

— C’est un écrin !

Sont-ils dragées ou bijoux, pour qu’on les y mette, ces bonnes gens ? Peu importe. Ils ont de quoi se donner une boîte : ils bâtiront, les malheureux !