Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/24

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de tes mains, tu travailles dur pour ton pain et le pain des tiens, mais il y a des heures dans ta vie où tu as désiré, où tu as espéré ardemment la fortune. Réponds franc.

— C’est vrai, prononça tout bas Carpentier. Ma femme était si belle, et je l’aimais d’un si profond amour !

— Ta fille sera belle !

— Je vous en prie, monsieur, interrompit Carpentier, dites-moi ce que vous voulez de moi. Vous me donnez la fièvre.

Le colonel ne répondit que par un petit signe de tête amical. Il agita la sonnette posée à portée de sa main sur la table.

— Giampietro, dit-il au domestique qui revenait, Giovan-Battista finira son dîner dans une demi-heure. Qu’il attèle tout de suite.

— Mon bon, reprit-il en s’aidant de l’épaule de Carpentier pour se lever, vous allez redevenir un architecte, c’est moi qui vous le dis. Si je ne marchais pas droit dans cette affaire-là, Fanchette me mettrait en pénitence. Vous me bâtirez peut-être un château, un hôtel, une cathédrale ; mais, pour le moment, vous êtes maçon : je n’ai besoin, ce soir, que de votre marteau et de votre truelle.

— Ce soir ? répéta Carpentier de plus en plus étonné.

Il ajouta :