Le vieux répondit avec son bizarre sourire :
— Quelque chose… ou quelqu’un… on ne sait pas.
Le cheval, attelé, piaffait. Giovan-Battista monta sur son siège tandis que le valet de pied se tenait debout à la portière.
— Marchons, dit Vincent ; ce n’est pas de vous que j’ai défiance, car vous n’avez jamais fait que le bien ; c’est de moi. En ma vie, chaque fois que j’ai joué, j’ai perdu.
— Alors, fit le vieillard, c’est le moment de lancer votre va-tout, mon camarade. La veine doit vous guetter depuis le temps.
Il s’interrompit pour dire à son cocher :
— Giovan, ta soupe n’aura pas le temps de refroidir. Mène-nous grand train rue des Bons-Enfants, à la seconde porte du passage Radziwill. Quand nous serons descendus, tu t’en reviendras sans demander ton reste.
Le coupé partit et mit juste trois minutes à gagner la rue des Bons-Enfants. Cette route se fit en silence.
Le colonel et son compagnon entrèrent dans ce passage humide et malpropre qui fait si grande honte au Palais-Royal. Dès qu’ils furent descendus, Giovan toucha son cheval et le coupé disparut.