Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/262

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Si bien qu’après une ou deux minutes de marche, le silence se fit, troublé seulement par les pas de celui qui allait devant et de celui qui le suivait.

Vincent ralentit alors sa marche. L’inconnu ne se retourna point encore, mais il passa d’un trottoir à l’autre.

Il semblait prêter l’oreille.

Au détour de la rue Neuve-des-Petits-Champs, Vincent le perdit de vue, mais il croyait savoir désormais où l’inconnu se rendait.

Aussi passa-t-il sans s’arrêter devant le marché Saint-Honoré pour ne changer de direction qu’au coin de la rue Saint-Roch.

Là, il se croyait sûr de revoir l’inconnu ; mais son regard, qui enfila évidemment la rue, ne rencontra que la solitude.

Il se mit à courir, car il se disait : « Pendant que je ne le voyais pas, l’autre a couru. »

Personne encore dans l’étendue sombre et tortueuse de la rue des Moineaux.

L’horloge de Saint-Roch tinta deux coups.

C’est l’heure où, même en été, tout Paris dort, à l’exception du Paris des boulevards.

Vincent continua d’aller.

La course avait mis de la sueur à son front, mais un sentiment de froid parcourait ses veines comme il arrive quand on mesure le fossé large et profond avant de le franchir.