Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/287

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ter sur ce vieil homme dont la face ravagée jetait un funèbre rayonnement.

Rien ne chancelait plus en lui ; il se tenait droit et ferme. Sa prunelle lançait un éclair orgueilleux. Il répéta :

— Je suis le Maître. Cet or ne connaît que moi. Il y a là des milliers d’intelligences, des milliers de vaillances, des milliers de consciences ; elles sont à moi !

Tout passe ici bas, tout excepté deux choses qui passeront peut-être à leur tour, mais qui vivent encore, malgré leurs ennemis et surtout malgré leurs fidèles : Dieu et les rois.

Je ne sais pas ce que c’est que Dieu — à moins qu’il ne soit un tas d’or encore plus gros que le mien.

Je me suis toujours gardé de blasphémer Dieu : s’il existe, c’est dangereux, s’il n’existe pas, c’est inutile.

Les rois sont des hommes qui font ce que j’ai fait en s’y prenant autrement. Leur couteau s’appelle la guerre et quelquefois la loi.

Je ne voudrais pas de leur métier qui est misérable parce que leur splendeur blesse les yeux du vulgaire et qu’il y a autour de leur trône des myriades de braves gens qui essayent de débiter leur puissance comme le bois dont on fait les allumettes, pour en avoir chacun son petit morceau.

J’ai vu les révolutions qui font briller la fierté hu-