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Il avait le temps. Il était chez lui, et il était le colonel Bozzo Corona.

Le colonel avait tous les droits possibles pour réparer, bouleverser et même jeter bas son hôtel.

Si bien caché qu’il fût, le trésor ne pouvait échapper au colonel, puisqu’il était maître absolu dans la maison et qu’il avait le temps.

Le parricide n’agissait pas ici selon une inspiration soudaine. Il mettait à exécution, en commençant par le commencement, une série de stratagèmes dès longtemps médités et combinés.

Bien des fois déjà, dans le petit appartement qu’il avait loué rue Picpus, tout à l’autre bout de la ville, et qui communiquait avec le couvent des Dames de la Croix, bien des fois, disons-nous, quand il rentrait après avoir rôdé comme un loup autour de l’hôtel Bozzo, il s’était assis devant sa glace pour multiplier les répétitions de la scène que nous venons de lui voir jouer.

Il savait à fond son rôle.

Dans sa chambre à coucher de la rue Picpus, les sujets de piété abondaient, car cette nonne romaine pouvait être entourée d’estampes mondaines, mais il y avait certaine armoire, toujours fermée, pleine d’habits destinés au sexe masculin, où notre ami Reynier eût été bien surpris de trouver une copie réduite du fameux tableau de la galerie Biffi.