Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/340

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Il n’avait fallu rien moins que cet asile pour soustraire Julian aux griffes vieillies, mais encore tranchantes de son aïeul.

Et sans la diversion opérée par Vincent Carpentier, on peut dire que Julian, traqué déjà depuis plusieurs semaines, aurait subi, selon toute vraisemblance, le sort du marquis Coriolan, son frère.

Un instant, le colonel avait concentré toute son attention sur Vincent Carpentier. Pendant qu’il regardait ainsi d’un côté, Julian l’avait surpris de l’autre.

Julian, du reste, était digne en tous points, de succéder à ce vieux tigre, croisé de renard, qui avait commandé pendant tant d’années l’armée des Habits-Noirs.

Tout en assiégeant dans son fort l’ennemi principal, le colonel Bozzo qui, au premier instant, aurait pu l’écraser, rien qu’en remuant le petit doigt, Julian n’avait pas négligé les autres prétendants au trésor de la Merci.

Tous les maîtres composant le grand conseil des Habits-Noirs lui étaient connus ; il surveillait leurs menées, il éclairait leurs trahisons, et le lendemain du jour où les compagnons du Trésor s’étaient réunis pour la première fois chez la comtesse de Clare, constituant leur sous-association, le colonel en avait été averti par un billet anonyme de Julian.

D’un autre côté il surveillait de près Vincent Car-