Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/391

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en main que le fourreau du glaive d’or, brandi par son prédécesseur.

Il ne faudrait pas penser pourtant qu’il eût en face de lui l’impossible.

Il possédait sur le colonel plusieurs avantages dont on doit tenir compte, entre autres la jeunesse et la force physique.

En outre, le fait de n’avoir pu encore conquérir l’usage matériel du Trésor de la Merci n’était pas, en réalité, si radicalement malheureux qu’on pourrait le croire.

Dans toute question d’argent, l’apparence sauve.

Si, demain, les caves de la Banque de France étaient saccagées, la Banque de France ne perdrait pas un atome de son crédit, pour peu qu’elle réussît à cacher sa mésaventure.

Ces immenses réserves métalliques ne valent que comme article de foi. On n’y touche jamais, donc elles ne servent à rien. Des tas de sablons produiraient exactement le même effet, si on pouvait porter les gens à croire que sous le sablon les lingots dorment.

C’est le Crédit, conception à la fois élémentaire et subtile, au moyen de laquelle le monde moderne a enflé démesurément ses finances.

Le tout est de ne jamais laisser naître un doute au sujet des lingots, qui sont comme la femme de César et ne doivent point être soupçonnés.