Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/430

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cents pas, la voie rétrécissait tout à coup, courant tortueusement à travers champs.

À peine Vincent y était-il engagé, que l’orage éclata avec une singulière violence. Le terrain sonna tout à coup sous le choc retentissant d’une averse de grêle comme le vent d’est seul en peut amener à Paris.

En même temps, le jour se voila subitement. Il semblait qu’un rideau noir, aux reflets verdâtres et violacés, fût tombé sur la campagne.

L’ouest éteint n’envoyait plus que des rayons sinistres, aux couleurs fausses et qui allaient sans cesse diminuant d’intensité.

Le large bruit de la grêle, battant le sol de tous côtés, fut traversé par un craquement sec et déchirant, contemporain d’une illumination blafarde qui enveloppa Vincent comme un suaire, tissé de pâles clartés, puis les échos du ciel et de la terre, transformant cette explosion de la foudre, la renvoyèrent de toutes parts en un formidable roulement.

À dater de cet instant, l’orgie de l’ouragan monta, exagérant sa turbulence et ses tumultes. La nuit poussa des cris surhumains. Le ciel, éventré dans tous les sens, montra l’incendie de ses entrailles en un désordre splendide jusqu’à l’horreur.

Cela dura une demi-heure. Vincent Carpentier, faible et malade, allait désormais au hasard, poussé de ci de là comme une misérable barque ne gou-