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Vincent nous a dit comment cet amour se présentait à ses yeux. Reynier servait de mère à Irène.

En rentrant chez lui, ce matin, Vincent Carpentier trouva sa petite fille endormie. Elle couchait dans la première pièce et son lit blanc recevait en pleins les rayons confus que le crépuscule envoyait par la fenêtre, située au levant.

Quelque chose s’était brisé dans l’être de Vincent à la mort de sa femme. Son ambition personnelle n’était plus, du moins, il le croyait. S’il jetait encore un regard vers l’avenir, c’était pour sa fille.

Elle souriait dans le creux de l’oreiller, jolie et belle délicieusement. Impossible de rêver une plus gracieuse enfant. Ses cheveux blonds épars jouaient autour de son front angélique.

Vincent, penché au-dessus d’elle, l’admirait tendrement, cherchant, trouvant les mélancoliques ressemblances qui faisaient revivre pour lui la mère dans l’enfant.

Et je ne sais comment dire que cette contemplation ne l’empêchait point de songer aux événements de cette nuit, dont la trace semblait déjà en lui ineffaçable.

Au contraire, la charmante fillette, endormie et riant à un rêve, entrait tout naturellement dans sa méditation troublée, où passaient le vieillard frileux, le voyage tout plein de mystère, la cachette qu’on était en train de creuser pour une destination in-