Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome I.djvu/87

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de faïence que le colonel avait fait encastrer dans le mur pour chauffer le prisonnier, ne donnait pas le change à Vincent. Dès le premier soir, il avait vu dans la prunelle du vieillard ce jaune reflet, ce reflet d’or qui trahit la passion profonde de l’avare.

Ils ont beau se dérober, feindre, ruser, l’or les trahit comme un trait de physionomie ineffaçable ou comme une éternelle odeur.

Vincent avait deviné, lui, l’ouvrier froid qui assistait à jeun à l’étrange orgie du vieillard, Vincent avait deviné l’amour jaloux, l’amour insatiable.

L’amoureux voudrait parer son alcôve comme un autel. Ce vieil homme était un amoureux tout frémissant de désirs, tout énervé de voluptés, qui forçait son pas chancelant jusqu’à l’alcôve nuptiale.

Il s’obstine, ce libertinage des ruines humaines. Quand toutes les autres débauches deviennent impossibles, l’ivresse de l’or pour l’or dure toujours, et grandit, et s’exalte jusqu’à l’extase.

Et l’on dit que dans le paroxysme de ces jouissances sordides, l’espoir naît et grandit, l’espoir insensé de garder le trésor, — à soi tout seul, — jusque par-delà le tombeau.

Un trésor ! c’était un trésor que la cachette attendait.