Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/120

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— La folie se gagne, murmura-t-elle : je deviens folle à vouloir deviner cette énigme ! Reynier en savait-il plus long que moi ? Quand nous allâmes à Stolberg, le père lui parla un peu plus qu’à moi… Mais Reynier ne me cachait rien en ce temps-là… S’il avait su, il aurait parlé… Pauvre Reynier !… Qu’il soit bien heureux avec celle qu’il a choisie !

Il est un accent particulier pour les paroles qu’on prononce dans le but de se tromper soi-même.

Irène n’y voyait plus, mais elle lisait encore moitié en devinant, moitié par souvenir :

« … C’était vers cette maison isolée que se dirigeait la voiture de l’assassin quand je l’avais rencontrée sur la route. Il venait là commander un coup de couteau. Le coup de couteau était pour moi. À travers la porte, j’entendis le sinistre ouvrier qui aiguisait son outil sur une meule… Une fois, dans le midi de la France, du temps que je cherchais la santé pour ma pauvre Irène, la première, ta mère, un malheureux s’était réfugié chez nous.

« Les gendarmes le poursuivaient.

« C’était un ancien soldat d’Afrique ; il avait tué sa femme dans un accès de jalousie. Il portait encore son uniforme.

« Cet homme m’avait fait horreur, d’abord, il se vantait de son crime, mais ma première Irène était comme toi ; son âme voyait tout, elle me dit : « Celui-