Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/143

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yeux roulaient dans leurs orbites, et ses deux mains crispées essayaient de s’accrocher au coussin.

L’autre agent sortit des cordes de sa poche et se précipita sur Reynier pour lui lier les poignets.

Reynier ne fit aucune résistance ; mais l’agent n’eut pas le temps d’accomplir sa besogne.

Malou, qui avait fait effort pour se lever, retomba comme une masse, et presque aussitôt après, se débattit en proie à une furieuse attaque d’épilepsie.

L’agent lâcha Reynier pour revenir à son camarade.

Il disait :

— Malou ! Malou ! tiens-toi bien ! Tu pourras gigoter tant que tu voudras quand nous serons à la préfecture. Que diable ! on ne reste pas au service quand on a des infirmités comme ça ! Heureusement que le prisonnier est bien tranquille…

Le prisonnier était plus que tranquille. Jusqu’alors sa pensée avait sommeillé lourdement. Il était comme mort.

Mais ces paroles l’éveillèrent à demi.

Il faut que vous le compreniez : elles étaient prononcées dans le but de l’éveiller.

La comédie continuait. Le guet-apens marchait en même temps que le fiacre.

Malou et son camarade étaient des acteurs.

Reynier fit un effort pour voir clair dans la nuit de sa cervelle. Il n’y trouva qu’une pensée : le désir