Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/154

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il eut conscience des efforts que faisait maintenant son ennemi pour remonter à la surface et reprendre haleine.

Reynier avait ménagé son souffle et ses deux mains étaient libres.

Il remonta à pic, maintenant son adversaire sous l’eau par la position verticale qu’il gardait.

Les deux mains qui se crispaient autour de sa cheville lâchèrent prise…

Irène respira ici fortement.

— Non, fit la comtesse Marguerite, il n’était pas encore sauvé. Comme il s’allongeait sur l’eau pour gagner au large, quelque chose le frappa en pleine poitrine. En Seine, il n’y a point de rochers. Un second choc d’ailleurs, lui révéla la nature du premier : c’était la lame d’un couteau qui entrait pour la deuxième fois dans sa chair…

— Ne vous évanouissez pas, chère enfant, interrompit Marguerite en soutenant dans ses bras Irène qui chancelait sur son siège, vous savez bien que Reynier n’en mourut pas, et je croirais que votre douleur prend naissance dans la certitude enfin venue que telle personne de notre connaissance est un lâche et vil assassin.

Irène se redressa, mais elle ne répondit pas. La comtesse Marguerite poursuivit :

— Le courant charriait toujours ce drame atroce et ses trois personnages. Quand Reynier fut frappé