Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/156

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mes veines, il était couché sur un lit de douleur, où le clouaient ses blessures.

Reynier est une noble et belle créature, ma fille.

Je me souviens qu’il me dit ces simples paroles : « Je pensais à elle avant de songer à Dieu. »

Et il se défendit vaillamment, et il attaqua héroïquement, parce qu’il songeait à vous.

Son poing fermé tomba comme un marteau de forge sur la tête de Malou, au moment où celui-ci reparaissait à la surface pour chercher une lampée d’air.

L’autre bandit, saisi à la gorge, eut beau appeler son camarade à son aide et frapper encore et frapper toujours, ses coups ne portaient plus.

Il glissa bientôt, étranglé, au fond de la rivière.

Et Reynier, vainqueur, mais épuisé, surnageant par un reste d’instinct, mais emporté par le courant, comme une épave, vint aborder à l’escalier qui est sur la rive droite, devant le promenoir de Chaillot, où son dernier cri arriva par hasard jusqu’à l’oreille d’un passant.

À quelques pas de là, dans la rue des Batailles, se trouve la maison de Santé du savant médecin aliéniste, le docteur Samuel. Ce fut là que Reynier reçut les soins qui le rappelèrent à la vie…

La comtesse Marguerite se tut. Irène, blanche comme une statue d’albâtre, gardait cette apparence