Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/174

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une entrevue à Mlle Irène pour lui parler de sa sœur Marie-de-Grâce… »

— Il n’y avait pas le cavalier Mora, dit la jeune fille.

— C’est juste, fit Marguerite, ce nom-là n’était pas encore inventé. Il y avait : « le comte J… »

Irène courba la tête, Marguerite continua :

— Le mariage arrêté ne se fit pas. Vous aviez, du reste, un bon prétexte : vous vouliez auparavant vous agenouiller sur la tombe de votre père. Vous partîtes pour Stolberg…

— Avec Reynier, madame !

— Avec Reynier, et même sans voir le comte Julian.

— Si vous saviez tout ce que j’ai fait pour l’éviter ! Sa sœur était ma meilleure amie.

— Sa sœur ! répéta Marguerite, dont les yeux prirent une expression étrange.

Irène détourna son regard, comme si un rayon trop vif l’eût blessée.

— En arrivant au charbonnage de Stolberg, vous demandâtes le no 103. On vous amena un vieillard que ni vous ni Reynier ne reconnûtes. Et comme vous interrogiez ce vieillard sur le lieu où était Vincent Carpentier, il vous montra la galerie sans fin qui déchirait les entrailles de la terre, et il vous dit avec un navrant sourire : « C’est ici que je meurs un peu tous les jours… »