Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/176

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ture extraordinaire qui marqua la traversée de Reynier lorsque se rendant à Rome pour la première fois, il fit naufrage sur les côtes de la Corse. Vincent avait même voulu posséder ce tableau. Il le contemplait avidement et longtemps. Le souterrain où avait lieu le parricide laissait deviner dans son ombre des tas d’or accumulés. Il semblait que le regard de Vincent essayât de percer ces ténèbres. Reynier pense que c’était ce tableau qui avait troublé la cervelle de Vincent.

— Reynier me le dit au début, madame, mais il ne garda pas cette croyance.

— Et pourtant, fit la comtesse dont la voix baissait sous l’effort de ses réflexions, comme si elle eût poursuivi mentalement la solution d’un problème, et pourtant, votre père était sans cesse obsédé par le souvenir de ce tableau. Il voyait le meurtre et le trésor.

— Oui, murmura Irène, involontairement, le trésor, toujours le trésor !

— Bien plus, il s’appropriait la plupart des faits contenus dans le récit de Reynier, dont il déplaçait seulement le lieu de scène. Il racontait ce drame comme s’il en eût été le principal acteur. Au lieu de l’île de Corse, c’était la campagne de Paris, ces champs solitaires et tristes qui sont aux environs de Bicêtre. Tout était identique, hormis cela : il y avait le voyage de nuit sous la furieuse tempête, la mai-