Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/189

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cret doit rester avec moi. Il ne m’est pas permis de vous dire ce que je vais faire chez vous cette nuit.

— Chez moi, répondit Irène ; c’est donc vrai ! vous exigez que je quitte ma demeure à cette heure avancée ?…

— La vie de votre père est à ce prix.

— Au nom de Dieu ! madame, s’écria Irène, expliquez-vous. Je ne sais pas vous dire l’angoisse qui me remplit l’âme. Ayez pitié de moi !

— Je fais plus qu’avoir pitié, répliqua Marguerite en la comblant de caresses. Je vous aime comme si vous étiez ma fille. Mais précisément à cause de cela, je veux jouer avec toutes les chances de gain cette partie dont les enjeux sont votre bonheur ou votre malheur.

J’ajoute, car je ne voudrais pas vous tromper, même dans votre intérêt, qu’il y a en moi un autre mobile, non point personnel, mais qui naît de l’autorité dont le hasard m’a investie, malgré le peu que je suis.

Je représente ici l’association bienfaisante qui combat la ténébreuse ligue des Habits-Noirs. Je suis à mon poste.

— Et il y a danger pour vous à prendre ainsi ma place ?

— Assurément oui, mais je suis armée.

Le regard d’Irène interrogea les plis gracieux