Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/202

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Elle se leva.

L’impulsion reçue dirigea son premier pas vers la porte cochère, mais elle se détourna presque aussitôt pour traverser de nouveau et en sens contraire la cour de la vacherie. Elle murmurait :

— Quel droit cette femme a-t-elle sur moi ? suis-je son esclave ? Pourquoi la croirais-je ? Quelque chose me dit qu’elle m’a trompée.

Elle se redressa en marchant, son cœur s’allégeait ; elle dit encore :

— D’un mot, d’un seul mot je suis bien sûre qu’il va faire tomber toutes ces accusations. Ce serait affreux de le condamner sans l’entendre. Je veux le voir !

Ces mots s’achevèrent eu un cri de surprise et de frayeur.

Une petite voix cassée chevrotait au devant d’elle :

— Un beau temps pour se promener au clair de la lune, jeunesse ! Voulez-vous faire un tour avec moi le long du cimetière ?

Une créature humaine, qui semblait être l’image de la décrépitude, s’engageait sous la voûte qui perçait la maison de rapport.

Elle venait du château Gaillaud.

C’était un vieillard courbé en deux, marchant à petits pas, avec une peine extrême. Il était vêtu d’une longue douillette qui rappelait le vêtement des prêtres. Irène ne l’avait jamais vu.