Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/216

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tier les connaît tous par leur nom, ceux qui tuèrent et ceux qui furent tués. Le dernier tomba sous mes yeux, frappé par un parricide, — toujours, toujours. Il avait tué son père, le vieillard du tableau, il avait tué son fils et son petit-fils, le beau marquis Coriolan, la nuit même où Reynier demanda l’hospitalité à la maison maudite, auprès de Sartène. Reynier ne savait pas qu’il était là, chez lui, et que ce marquis Coriolan, le beau jeune homme assassiné, était le frère aîné de son père…

— Tais-toi ! fit-il en s’interrompant, ne dis pas non. Veux-tu savoir mieux que moi ? Il y a deux héritages : le poignard et le trésor. Aucuns des héritiers ne sont morts dans leur lit — jamais.

Tout cet or qui est fait avec du sang tue fatalement et ne cessera jamais de tuer.

Je l’ai vu, le Trésor : il n’y a rien de pareil au monde. C’est le ciel et c’est l’enfer.

Cela vous attire comme une force de géant, cela vous enivre comme une liqueur embrasée.

J’ai aimé, ce n’est rien ; j’ai pleuré celle qui était la moitié de mon cœur, je te dis que ce n’est rien, rien ! auprès de cette volupté poignante comme une torture, auprès de ce martyre tout imprégné de délices !

Les cordes entraient dans ma chair, l’agonie m’étranglait, la mort avait son genou sur ma poi-