Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/236

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— Mon père ! mon père ! fit la jeune fille qui voulut le prendre dans ses bras.

Il la repoussa.

— Je suis fou, balbutia-t-il, misérablement fou, je sens bien cela. J’entends des noms de l’autre monde : la mère Marie-de-Grâce, le comte Julian… Je me souviens : il était à la fois homme et femme, jeune et vieux… Il rôdait déjà autour de toi… à cause de moi ! Il avait deviné le secret tout au fond de ma poitrine. Le secret brûle, le secret brille ; on le voit, on le sent au travers de ma chair et de mes os !

Ses deux mains pressèrent son front comme s’il eût voulu l’empêcher d’éclater.

Puis tout à coup, il dit avec un rire sinistre :

— Le comte Julian fait la cour à ma fille ! Le comte Julian me donne des rendez-vous ! C’est un mort qui a son cercueil au cimetière et sa chambre en ville…

Il s’arrêta et fixa sa prunelle ardente sur Irène en ajoutant :

— Mais alors, qu’y a-t-il donc ? le sais-tu, toi ? Qu’y a-t-il donc dans cette tombe, sur laquelle ils ont mis le nom du colonel Bozzo-Corona ?

Irène ne répondit pas.

Dans le silence qui suivit, le père et la fille prêtèrent à la fois l’oreille à des bruits confus venant du dehors.

Depuis le commencement de leur entrevue, le che-