Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/240

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traient dans la chambre, puis il recula comme si une idée l’eût frappé avec violence.

— Est-ce que tu croirais, fit-il d’une voix que l’émotion revenue brisait, est-ce que tu as des raisons pour croire que le trésor est là ! dans la tombe ?

Et avant qu’Irène pût répondre, il ajouta :

— Non, non, non ! L’autre endroit est bien meilleur ! Si tu voyais comme c’est établi ! Je le vois, moi, toutes les nuits, et vingt fois chaque nuit. C’est une tombe aussi, ou plutôt une chapelle ardente. Il y a là une grandeur qui étreint l’âme comme la pensée de Dieu. C’est tout petit et c’est vaste comme le monde. Oh ! fillette, fillette, que tu es heureuse ou misérable de rester froide devant l’embrasement de cette pensée !

Irène souriait tristement.

— À quoi me servirait tout cet or ? murmura-t-elle. Mon cœur s’est trompé. J’ai méprisé celui qui m’aimait… et que j’aimais peut-être…

— Aimer ! aimer !… s’écria Vincent, qui haussa les épaules. La belle affaire !

Mais il s’interrompit et reprit aussitôt :

— Tu as raison ! Il faut aimer Reynier. C’est un bon garçon. Moi aussi, j’ai aimé. Mais l’amour meurt, il n’en reste rien que des larmes. L’or est immortel. Écoute. Une femme ne peut pas résister à un démon. Cet homme qui t’a mis un bandeau sur