Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/26

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— Vieil agneau ! fit-elle ; c’est le propre mot des jeunesses qu’on veut séparer de leurs séducteurs… Avais-tu juré, oui ou non ? Écoute : Je ne te battrai plus ; ça dépare un ménage. Mais tu vas te confesser des pieds à la tête, te laver, te récurer et tirer une barre après la lessive. Tu m’entends ! une vraie barre comme quoi c’est fini à tout jamais de filer dès que j’ai tourné les talons et de te coller à des racailles ; sans quoi, ni vu ni connu, je te flanque à la porte !

Le pauvre Échalot appuya ses deux mains contre sa poitrine.

— Ne dis pas ça, Léocadie ! balbutia-t-il ; tape tant que tu voudras, mais…

— Je ne veux plus taper.

— Ne dis pas ça, au nom de notre amour !

— Je veux le dire. C’est mon opinion.

Échalot se laissa glisser à deux genoux. Mme Canada s’était échauffée en parlant. Les pivoines les plus richement écarlates auraient été jalouses du feu qui enluminait ses joues.

Un élan de colère souleva sa main, si prompte à frapper. Échalot eut un instant l’espoir d’attraper une de ces mémorables mornifles qui mettent fin aux querelles intestines comme le tonnerre abat la chaleur.

Mais la main de Mme Canada retomba sans frapper.