Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/28

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n’en regrettais pas moins les agréments de son esprit dont j’avais l’habitude.

Ça ne vaut rien pour un jeune homme d’être seul dans Paris. Je me disais bien, pour me remonter le moral :

— Léocadie m’a permis de prétendre à la félicité, j’ai reçu ses serments.

Mais ça me semblait un rêve, et dans ton voyage d’Amérique tu pouvais rencontrer des occasions plus flatteuses que moi au sein du Nouveau-Monde…

— C’est sûr, interrompit ici Mme Canada, que bien des marins et des négociants m’ont témoigné leur ardeur ; mais ce qui est dit est dit. J’avais assez de faire la Cléopâtre dans la licence de mon veuvage, et je te regardais déjà censé comme un époux dont on a donné des arrhes dessus.

Échalot prit sa grosse main qu’il porta à ses lèvres.

— En plus, continua la dompteuse, que je ne m’en repentirai jamais si tu marches droit, car tu t’es formé pour les manières et ta conversation est devenue attachante ; mais n’en abuse pas ! Assez de boniment ; vide ton sac.

— J’aurais plutôt péri d’inanition, reprit Échalot, que de toucher aux billets de banque qu’étaient ta fortune. Je manquais de tout pour l’éducation et le sevrage de Saladin, mais j’avais caché le dépôt dans