Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/281

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Tout son cœur s’élançait vers lui comme un esclave dont on vient de briser les chaînes.

Il n’y avait donc pour être libre de toute préoccupation étrangère que l’amoureux et docile Échalot. Il n’est point dans le dictionnaire de locution assez énergique pour rendre la brûlante admiration qui exaltait ce mari de la reine. Pour lui, Léocadie évoquait, cette nuit, les prestiges d’une féerie à grand spectacle.

Elle en était, à ses yeux, l’héroïne. Il la trouvait belle, éloquente, vaillante, jusqu’au surnaturel, et il lui était arrivé de dire plus d’une fois tout bas, sans lâcher les poignets de Vincent, son prisonnier :

— C’est à moi, cet amour-là, on parle d’un trésor, en voilà un pour s’exprimer avec élégance et porter la gaieté nationale française au sein des plus épouvantables périls !

Maman Canada reprit :

— Ça commence à devenir drôle, pas vrai les enfants ? Je vas boire un coup. On n’entend plus rien au dehors, mais méfiance tout de même. Ça m’étonnerait fièrement si le Fera-t-il jour demain ? était rentré dans sa niche comme ça sans rien manigancer contre vous. On va voir. Il y a encore trois bonnes heures de nuit, si ma montre ne bat pas la berloque. C’est plus qu’il ne leur en faut.

Voilà donc que tout le monde entourait le cer-