Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/298

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Il les regardait donc d’un air bonasse, quoi qu’un petit peu espiègle, et il reprit :

— Parbleu ! si on accepte, hé ! Marguerite, la belle boudeuse, tu as pourtant l’âge de raison, ma tourterelle, et tu sais bien ce qu’il en cuit pour se brouiller avec papa. Tous, tant que vous êtes, vous pouvez croire ceci et cela, mais au fond, vous avez une certitude, c’est que je vous tiens. Quel que soit le jeu que je joue, je suis gardé à carreau, pas vrai, Samuel ? Y a-t-il longtemps que vous n’avez entendu parler du Marchef ?

On ne répondit pas. Les visages étaient sombres. Samuel ne put retenir une grimace de malaise.

— Le Marchef n’a jamais manqué que toi, docteur, poursuivit le vieillard. Tu es chanceux, tant mieux pour toi, n’en sois pas plus fier. Nous disons donc que nous sommes d’accord. J’abats pique ou je lâche trèfle, ça me regarde. Je me fais enterrer, je ressuscite, liberté libertas, vous n’avez rien à y voir. Dès que je reparais, je suis le Maître ricarac et comme le soleil, partout où il entre, éteint les chandelles. Ceci posé, il n’est pas étonnant que nos intérêts soient les mêmes. Je suis venu à vous cette nuit parce que, dans ma retraite, je manque un peu d’employés. Au contraire, vous en avez à revendre, et Dieu sait qu’ils sont bien mal dirigés, depuis que j’ai quitté le service actif. Enfin, n’importe. Vous avez, du moins, pris la bonne piste en traquant Vin-