Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/30

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ments, je ne ferai jamais de mal à Amédée, le premier ami de mon adolescence. En plus, tu sais bien que l’administration, depuis les inspecteurs jusqu’aux commissaires et même plus haut, font tous la sourde oreille quand il s’agit des Habits-Noirs.

— C’est vrai, c’est vrai, murmura la dompteuse, le pauvre M. Remy d’Arx est mort de cela. Va toujours.

Échalot hésita. Il passa le revers de sa main sur ses tempes, où il y avait de la sueur.

— C’est drôle, fit-il, je vois les affaires d’une autre façon, quand il s’agit de te les raconter. C’est comme si tu étais ma conscience du dimanche !

Mme Canada fronça le sourcil comme Jupiter.

— Bats-moi si tu veux, Léocadie, prononça tout bas le pauvre diable, mais ne me renvoie pas, j’en mourrais !

Les fortes couleurs de la dompteuse avaient un peu pâli. Elle avait peur de le trouver coupable.

— Ah ça ! ah ça ! grommela-t-elle, est-ce que tu as vraiment trempé dans quelque vilenie, toi qu’avais si bon cœur !

Échalot se redressa :

— Jamais ! s’écria-t-il, le cœur est intact, j’en lève la main.

Puis, courbant la tête de nouveau, il ajouta d’une voix tremblante :

— Vois-tu, Léocadie, je ne sais plus. Tu m’écra-