Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/308

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et de n’ouvrir sous aucun prétexte. Bien entendu que si le papa Vincent parvenait à sortir de son trou, vous devriez le retenir, quand même ça serait de force. C’est lui surtout qu’ils guettent, et au premier pas, dans la rue, il serait avalé comme une mouche. Nous deux mon mari, nous allons rôder avec les loups. C’est deux ou trois heures à tuer, quoi ! car il fera jour de bonne heure. N’ayez pas d’inquiétude pour nous, on joint la bravoure à la ruse. Et si ça chauffait trop fort, je viens d’imaginer un truc, tout en bavardant, pour mettre sur pied non-seulement les voisins, mais les soldats et les pompiers, que si je veux, le diable en prendra les armes. En route, monsieur Canada !

— Présent ! fit Échalot en ouvrant la porte. Plein d’ardeur, du moment que ça peut t’être agréable.

La porte fut refermée, et la clé grinça deux fois dans la serrure au dehors.

— C’est plus sûr comme ça, dit la dompteuse. Je donnerais bon pour avoir une cantine.

Les derniers mots qu’on entendit de l’intérieur furent ceux-ci :

— As-tu ta boîte d’allumettes, monsieur Canada ? C’est nécessaire à la chose de mon truc.

Irène et Reynier étaient seuls.

Ils avaient passionnément attendu et désiré ce moment, Irène surtout dont le cœur venait en quelque sorte de naître et qui s’éveillait femme après cette