Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/339

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Au nom de Petit-Blanc une grosse voix enrouée répondit : Présent !

— As-tu ton saute-en-barque ? demanda encore Piquepuce. Avance qu’on te voie.

Les rangs s’écartèrent et un énorme drôle à tête laineuse, vêtu d’une vieille redingote à la propriétaire qui tombait jusqu’à ses talons se présenta. Malgré l’obscurité, on pouvait bien voir que c’était un nègre.

Piquepuce échangea avec lui quelques paroles rapides et lui mit une paire de louis dans la main. Le nègre dépouilla aussitôt sa longue redingote qu’il repassa à revers, de façon à ce que le dos du vêtement lui couvrît la poitrine.

— Habit bas ! ordonna Piquepuce, et qu’on le plastronne ! Il va risquer Le truc de l’ours comme un joli garçon.

Entre la redingote du nègre et son estomac, trois ou quatre vestes et jaquettes furent bourrées et il apparut bientôt dans l’ombre, large comme un colosse.

— Vous autres, aux jambes ! commanda encore Piquepuce. Préparez vos ficelles. J’ai la mienne et je mettrai la main à la pâte. Donne le tour, Cocotte, et attention à la manœuvre ! Quand même le peintre aurait du canon, je réponds de tout. Y est-on ? Adieu, va ! Montrez-lui l’ours !