Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/34

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— Vas-y tout droit ! Moi, je te promets de ne pas te faire languir !

— Eh bien ! fit Échalot, j’aurai eu au moins quelques beaux jours dans ma destinée ! si ça finit comme un rêve trompeur, je te confierai le petit et je me ferai sauter le caisson, ne pouvant plus respirer sans ton estime. Tout est venu dans ma répugnance à entamer ton capital. Quand je reçus ta première lettre où tu me disais :

« Je traverse l’Océan pour être bien sûre que Maurice et Valentine arriveront sains et saufs dans le Nouveau-Monde, mais la France avant tout ! je brûle de revoir ma patrie… »

Quand je lus ça, je pensai en moi-même : Faut travailler, faut se faire un avoir digne du sien pour ne pas être à ses crochets comme un lâche.

Voilà. L’intention était bonne. Je ne crois pas avoir fauté en rien, sinon pour m’être rabobiné avec Similor, malgré ta défense, mais c’était dans un bon motif, et loin d’avoir pris du service avec lui dans le Fera-t-il jour demain, mon emploi mystérieux consiste à me glisser dans son intimité pour découvrir les troisièmes dessous des Habits-Noirs, par son canal.

— Alors, décidément, tu vas à la rue de Jérusalem ? demanda la dompteuse, mais avec moins de colère et plus de mépris.

— Pas de ça, Lisette ! répliqua Échalot. Rien du