Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/380

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rue des Partants dont l’étroite et tortueuse voie semblait dormir d’une extrémité à l’autre.

Un instant, il hésita sur la direction à prendre. Il y avait un grand trouble dans son cerveau.

— Est-ce que je ne sais plus mon chemin ? pensa-t-il. C’est à gauche. La droite monte à Charonne. Quand je vais être au Père-Lachaise, j’irai tout droit.

Il descendit dans la direction du boulevard extérieur. Derrière lui, les deux bandes de Roblot et de Piquepuce suivaient à pas de loup, mais elles ne dépassèrent pas la porte cochère.

Seul, le nègre Petit-Blanc fut dépêché en avant et se coula comme un reptile le long des boutiques fermées.

Vincent marchait d’un pas ferme et tranquille, tenant le milieu de la chaussée, comme c’est la prudente habitude de ceux qui connaissent les nuits de Paris.

L’idée de prendre la route la plus courte le préoccupait singulièrement. Il cherchait dans sa mémoire le nom des nombreuses rues qui le séparaient de son but. Pour peindre l’étrangeté de son état mental, il nous suffira d’un mot : il avait confusément conscience d’être traqué par une meute d’ennemis, et pourtant il se disait :

— Le premier passant que je rencontrerai, je lui demanderai mon chemin.