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Vincent, longeant la rue Neuve-des-Petits-Champs, atteignit le passage Choiseul encore fermé.

À mesure qu’il s’éloignait du quartier des Halles, il retrouvait la solitude plus complète. Le vrai Paris, employé ou marchand, en avait encore pour deux bonnes heures à dormir.

Nous n’avons pas à apprendre au lecteur que Vincent Carpentier avait atteint ici le terme de sa course. L’hôtel Bozzo-Corona, chacun l’a deviné dès longtemps, était le but de ce long voyage, commencé dans la campagne de Stolberg, terminé à travers nos rues.

Néanmoins, Vincent ne tourna pas à gauche en face du passage, ce qui l’eût mené directement en face de la porte cochère de l’hôtel.

Il continua de cheminer jusqu’à la rue Saint-Roch qu’il prit pour gagner la rue des Moineaux.

À l’angle obtus formé par les deux rues, il ralentit le pas et jeta un regard vers cette masure borgne dont la jalousie tombante était une enseigne. Rien n’avait changé depuis trois ans. La jalousie, un peu vermoulue, déroulait toujours ses planchettes d’un vert poudreux.

— C’est là que j’ai entendu sa voix pour la première fois, se dit Vincent. J’avais le droit de le tuer puisqu’il avait pris des habits de nonne pour me voler ma fille. Mais je ne savais pas cela et je n’étais