Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/403

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saut extraordinaire. On eût dit que la pensée de franchir la muraille d’un bond avait tenté sa folie.

Ce n’était pas cela pourtant. Vincent, placé juste en face la porte, prit un vigoureux élan, traversa toute la largeur de la rue et vint planter son talon ferré à la hauteur de la serrure.

Y avait-il du vrai au fond des illusions qui berçaient sa fièvre ? Peut-être. La folie est une force. Le coup était si furieusement appliqué que la vieille porte craqua du haut en bas, tandis que le pêne sautait hors de sa gâche.

Vincent ne fut pas étonné le moins du monde. Il s’attendait à ce résultat. Du coude, il poussa la porte tremblante et entra comme chez lui.

Il y avait là encore des souvenirs. La longue comédie jouée par le colonel lors de la construction de la cachette, revint à l’esprit de Vincent. Il se vit descendre de ce fameux fiacre, dont le cocher jouait le rôle d’un préposé, demandant chaque soir, en passant une chimérique barrière : « N’avez-vous rien à déclarer ? »

Il se vit encore traverser, les yeux bandés, ce même jardin qu’il prenait alors pour un verger campagnard.

Il se vit enfin, longtemps après, et quand la bataille était déjà engagée, surpris par les hommes du colonel, au moment où il descendit du mur, esca-