Page:Féval - Les Compagnons du trésor, 1872, Tome II.djvu/414

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rant l’espace compris entre la rue des Moineaux et la brèche récemment ouverte.

Et, en effet, l’homme que nous avons vu tout à l’heure passer franc devant la porte du jardin, puis revenir sur ses pas, rappelé par cette jeune femme inconnue qui lui avait dit : « C’est ici ! » avait employé ce temps à franchir cette distance.

Au moment même où Vincent tombait à la renverse, l’homme atteignait le seuil de la brèche. Il était sans armes. La jeune femme le suivait toujours à quelque pas.

Vincent regardait de ses yeux éteints, mais agrandis par l’agonie, la mère Marie-de-Grâce, qui rejetait ses voiles en arrière, découvrant le visage imberbe du cavalier Mora.

Et les lèvres de Vincent s’agitèrent pour murmurer :

— Julian Bozzo ! le parricide !

Celui-ci avait son sourire de chat-tigre.

— Bonhomme, dit-il en essuyant son stylet avec un pan de la propre houppelande de sa victime, tu t’es donné bien du mal pour trouver ton sépulcre. Mais console-toi, tu n’iras pas seul dans l’autre monde. Il y a place pour tous nos amis dans ce tombeau. L’or a vu le sang. Cela lui donne soif, et nous allons rire…

Il fut interrompu par un cri rauque de Vincent, qui prononça le nom de Reynier.